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La consultation santé garçons 12-20 ans à Lausanne : retour d’expériences, enjeux actuels et perspectives futures

« Noah*, 16 ans, se demande s’il est en retard dans sa puberté. A l’occasion d’un examen clinique, il révèle qu’il est inquiet de la taille de son pénis. De plus, il a des problèmes d’érection »

« Malik*, 19 ans, aimerait que l’on dose sa testostérone. Il se trouve beaucoup moins musclé que son frère et son père »

« Ben*, 15 ans, pense qu’il est éjaculateur précoce. Ses masturbations durent 5 minutes et bien qu’il sache que la pornographie ne reflète pas la réalité, il ne peut s’empêcher de constater un décalage avec ce qu’il voit dans les films et cela l’inquiète pour ses futurs rapports sexuels »

 

* Prénoms d’emprunt

 

Ces trois patients, rencontrés à la consultation santé garçons 12-20 ans de la Division interdisciplinaire de santé des adolescents (DISA, CHUV, Lausanne), ont chacun une histoire un peu différente mais révélant une problématique commune. Lors d’une période particulièrement cruciale en termes de construction identitaire et de développement de la sexualité, la confrontation à certains mythes et clichés autour de la masculinité, touchant par exemple à l’image du corps ou la performance sexuelle, peut faire naître d’intenses préoccupations chez les garçons et jeunes hommes. Au-delà de ces questionnements, l’impact négatif de masculinités toxiques, tant sur la santé sexuelle des garçons/hommes que celle des filles/femmes, est bien décrit et implique de considérer les garçons et jeunes hommes comme acteurs incontournables d’une amélioration durable et globale de la santé sexuelle.1,2

 

Résoudre le problème d’accès aux soins

Malgré des besoins évidents, l’accès aux soins en matière de santé sexuelle reste pourtant un enjeu encore très partiellement résolu. Les garçons consultent rarement pour des problèmes sexuels, ne savent souvent pas où consulter et n’identifient pas nécessairement leur médecin traitant comme une ressource potentielle pour ces questions. Le constat va dans ce sens à la consultation santé garçons 12-20 ans de la DISA puisque le nombre de patients remplit tout juste un après-midi par semaine de consultation alors qu’en parallèle, la consultation de santé sexuelle (4 demi-journées par semaine), majoritairement utilisée par les filles, ne désemplit pas. Par ailleurs, il est très rare que ce soit les garçons eux-mêmes qui prennent un rendez-vous et ils sont souvent adressés par un autre professionnel ou leur entourage. Pour tenter de résoudre ces problèmes d’accès, nous avons effectué il y a quelques temps un travail participatif avec 7 adolescents garçons qui a abouti aux conclusions suivantes : les garçons souhaitent que la première prise de contact puisse être faite de manière plus directe, en ligne et de façon discrète, en raison de fréquents sentiments d’embarras et de gêne en lien avec leurs demandes. Ils souhaitent aussi pouvoir valider qu’ils s’adressent au bon endroit et avoir une idée de la personne qui va les recevoir. Suite à ces constats, nous travaillons actuellement en lien étroit avec le service de communication afin de développer d’une part la prise de rendez-vous en ligne et d’autre part la création d’une chaîne YouTube composée de vidéos capsules sur des problèmes/questions fréquemment rencontrées à la consultation santé garçons. Nous souhaitons que ces vidéos puissent répondre à ce double besoin de pouvoir « valider » qu’ils sont au bon endroit et de pouvoir « avoir un aperçu » de la personne qui va les recevoir.

 

Le quotidien de la consultation santé garçons et développements futurs

Les thématiques les plus fréquemment rencontrées jusqu’ici sont les questions et problèmes en lien avec la fonction sexuelle (érection, éjaculation), la croissance et la puberté (y compris gynécomastie), l’aspect et la taille des organes génitaux externes, les infections sexuellement transmissibles, l’inquiétude de l’entourage sur une consommation de pornographie etc. Le plus souvent, une ou quelques consultations de premier recours suffisent pour répondre aux questions des patients, comme celles de Noah, Malik et Ben. Ceci passe par une anamnèse complète (y compris sexuelle), parfois un examen clinique et des examens complémentaires de base mais surtout beaucoup de discussion, de messages de réassurance et de déconstruction des stéréotypes masculins. Ceci dit, il arrive que la problématique dépasse le cadre d’une consultation de premier recours et nécessite l’intervention de divers spécialistes : urologue (phimosis persistant, courbures du pénis etc.), endocrinologue (retard de puberté, hypogonadisme etc.), andrologue (dysfonction érectile persistante etc.). Ceci implique donc le développement de collaborations, y compris sous forme de co-consultations ayant l’avantage d’amener au sein même d’une même consultation à la fois un regard spécialiste et une perspective globale et développementale de l’adolescence. Un autre développement futur concerne le recours à une approche sexologique chez certains patients. Au centre de cette question se trouve la balance entre le besoin d’un côté de ne pas « pathologiser » trop rapidement une situation en donnant le message à l’adolescent qu’il a besoin d’un spécialiste et d’un autre côté, la nécessité de ne pas laisser une situation « stagner », au risque de renforcer certains cercles vicieux et le manque d’estime de soi et donc d’entraver le développement d’une sexualité positive. Dans tous les cas, une approche sexologique tenant compte des spécificités développementales de l’adolescence est requise. Un travail de collaboration pour développer une telle offre de prestation est en cours actuellement.

 

La formation et la sensibilisation – clef de voûte de l’accès aux soins des garçons

Bien que l’existence de consultations dédiées à la santé masculine adolescente soit un moyen de répondre aux besoins des garçons, il est également essentiel de renforcer la place des professionnels de premier recours. En effet, les garçons ont généralement moins d’opportunités que les filles de parler de sexualité avec leur médecin3. Chaque contact avec le médecin de premier recours fournit donc l’occasion d’offrir de façon proactive un espace aux questions de sexualité des garçons, ceux-ci souhaitant le plus souvent que le médecin fasse le premier pas4. Ceci implique que les professionnels puissent être à l’aise avec ces sujets afin de poser des questions spécifiques et ciblées, capables de révéler le questionnement sous-jacent des garçons.
Dans cette idée, le prochain symposium de l’ASSA en 2021 sera consacré à la thématique de la santé masculine adolescente.

 

 

Références

  1. Kato-Wallace J, Barker G, Sharafi L, Mora L, Lauro G. Adolescent Boys and Young Men: Engaging Them as Supporters of Gender Equality and Health and Understanding their Vulnerabilities. 2016.
  2. Advocating for Adolescent and Young Adult Male Sexual and Reproductive Health: A Position Statement From the Society for Adolescent Health and Medicine. Journal of Adolescent Health 2018;63(5):657–61.
  3. Alexander SC, Fortenberry JD, Pollak KI, et al. Sexuality talk during adolescent health maintenance visits. JAMA pediatrics 2014;168(2):163–9.
  4. Same RV, Bell DL, Rosenthal SL, Marcell AV. Sexual and Reproductive Health Care: Adolescent and Adult Men’s Willingness to Talk and Preferred Approach. American Journal of Preventive Medicine 2014;47(2):175–81.


 

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